Des astronomes belges et indiens ont célébré le succès de leur collaboration lors de leur troisième colloque

Des astronomes belges et indiens ont célébré le succès de leur collaboration lors de leur troisième colloque


Le 21 mars 2023, après presque 9 ans d’existence, le réseau belgo-indien pour l’astronomie et l’astrophysique (BINA) a célébré une nouvelle étape avec l’inauguration de l’ILMT (télescope international à miroir liquide ; en anglais : International Liquid Mirror Telescope), situé à l’Observatoire de Devasthal dans le nord de l’Inde. Cet événement a été suivi par le troisième colloque du BINA, qui a eu lieu du 22 au 24 mars 2023, à Bhimtal, en Inde. Plusieurs scientifiques de l’Observatoire royal de Belgique (ORB), dont le Dr Peter De Cat qui est le responsable scientifique principal belge du BINA, sont impliqués depuis la fondation de ce réseau. Ce colloque international a été l’occasion pour les membres du BINA de souligner le potentiel scientifique des coopérations belgo-indiennes.

Le réseau belgo-indien pour l’astronomie et l’astrophysique

Figure 1 : Peter De Cat (à gauche ; responsable scientifique principal belge de BINA) et Santosh Joshi (à droite ; responsable scientifique principal indien de BINA).

Figure 1 : Peter De Cat (à gauche ; responsable scientifique principal belge du BINA) et Santosh Joshi (à droite ; responsable scientifique principal indien du BINA).

BINA est un réseau qui encourage la recherche spatiale collaborative entre les instituts belges et indiens. En 2014, le Dr Peter De Cat de l’ORB, le responsable scientifique principal belge du BINA, et le Dr Santosh Joshi d’ARIES (l’institut de recherche Aryabhatta des sciences d’observation ; en anglais : Aryabhatta Research Institute of Observational Sciences), le responsable scientifique principal indien du BINA (voir Figure 1) ont pris l’initiative de cette collaboration bilatérale. Le point de départ de ce projet est l’Observatoire de Devasthal d’ARIES, situé à Nainital, dans l’État de l’Uttarakhand en Inde. Cet observatoire héberge deux télescopes indo-belges : le DOT (télescope optique de Devasthal ; en anglais : Devasthal Optical Telescope) de 3,6 m et l’ILMT (télescope international à miroir liquide ; en anglais : International Liquid Mirror Telescope) de 4 m, qui a été récemment inauguré (voir figure 2). Ils sont appelés « indo-belges » parce qu’ils sont situés en Inde, mais ont été construits par deux entreprises situées en Belgique : l’Advanced Mechanical and Optical Systems (AMOS) et le Centre spatial de Liège (CSL). L’objectif initial du BINA était d’optimiser l’utilisation de ces télescopes indo-belges, depuis le partage de l’expertise dans le développement des instruments auxiliaires jusqu’à l’exploitation scientifique conjointe de leurs observations.

Figure 2 : Le télescope DOT de 3,6 m (à gauche) possède un miroir en verre classique, tandis que le télescope IMLT de 4 m (à droite) est un télescope zénithal dont le miroir est constitué d’une fine couche de mercure liquide.

Figure 2 : Le télescope DOT de 3,6 m (à gauche) possède un miroir en verre classique, tandis que le télescope IMLT de 4 m (à droite) est un télescope zénithal dont le miroir est constitué d’une fine couche de mercure liquide.

« La Belgique a acquis une grande expertise dans le développement d’instruments sophistiqués pour le télescope Mercator à La Palma, dans les îles Canaries, en Espagne. En unissant nos forces, il sera plus facile de pourvoir le DOT d’instruments similaires et de même qualité. Le DOT étant beaucoup plus grand, cela nous permettra d’étendre nos projets en cours sur des objets célestes moins lumineux et de poursuivre de nouveaux objectifs scientifiques », explique Peter De Cat. BINA réunit 14 instituts partenaires indiens et 7 instituts partenaires belges (voir figure 3), devenant ainsi un projet bien établi au sein des communautés astronomiques des deux pays.

Figure 3 : Le logo du 3e colloque BINA. Les gros points sur les cartes de la Belgique et de l’Inde représentent l’emplacement des instituts des responsables principaux. Ils sont reliés entre eux, symbolisant la collaboration bilatérale, et avec des points plus petits, représentant les autres instituts partenaires.

Figure 3 : Le logo du 3e colloque du BINA. Les gros points sur les cartes de la Belgique et de l’Inde représentent l’emplacement des instituts des responsables principaux. Ils sont reliés entre eux, symbolisant la collaboration bilatérale, et avec des points plus petits, représentant les autres instituts partenaires.

Activités du réseau

Depuis 2014, le Bureau belge de la politique scientifique fédérale (BELSPO, gouvernement belge) et la Division internationale du Département de la Science et de la Technologie (DST ; gouvernement indien) et soutiennent le réseau BINA en finançant des visites de chercheurs (dans les deux sens) et l’organisation de colloques (workshop en anglais). Jusqu’à présent, trois colloques du BINA ont eu lieu. Le premier colloque, « Instrumentation and Science with the 3.6-m DOT and 4.0-m ILMT », a été organisé par ARIES en 2016 à Nainital (Inde). « C’était la première fois que Peter De Cat et moi nous rencontrions en personne », se souvient Santosh Joshi. Au cours de ce colloque, l’accent a été mis sur la présentation des projets en cours dans les deux pays et des instruments auxiliaires de première génération pour le DOT. « Il nous a permis de trouver des synergies entre nos intérêts scientifiques et de discuter de nouvelles initiatives basées sur les données à venir des télescopes indo-belges », poursuit Santosh Joshi.

Le deuxième colloque, « BINA as an expanding international collaboration », a été organisé par l’ORB en 2018 à Bruxelles (Belgique). Les premiers résultats obtenus avec les observations du DOT ont été présentés. « Nous avons réalisé que la collaboration indo-belge peut aller bien au-delà de l’exploitation conjointe des télescopes indo-belges et permet d’utiliser d’autres installations d’observation existantes accessibles par les instituts partenaires. Il s’agit d’une opportunité gagnant-gagnant pour les communautés astronomiques des deux pays », déclare Peter De Cat.

Figure 4 : Affiche du troisième colloque BINA.

Figure 4 : Affiche du troisième colloque du BINA.

Extension du potentiel scientifique de la collaboration

Après avoir reçu sa première lumière en avril 2022, l’ILMT a été inauguré le 21 mars 2023, un événement auquel ont participé plusieurs scientifiques de l’ORB. Ronald Van der Linden, directeur général de l’ORB, a assisté à l’inauguration en tant que représentant de notre institut. L’exploitation scientifique de l’ILMT commencera bientôt, ce qui permettra à la collaboration indo-belge de reprendre à plein régime. Le troisième colloque du BINA, « Scientific potential of the Indo-Belgian cooperation », s’est déroulé du 22 au 24 mars 2023 sur le campus de Bhimtal de la Graphic Era Hill University et a été accueilli par ARIES. « Au départ, le BINA se concentrait sur l’astronomie d’observation avec les télescopes indo-belges. Mais aujourd’hui, nous considérons le BINA comme un outil pour stimuler tous les types de collaborations scientifiques dans le domaine des sciences spatiales entre les collègues belges et indiens », déclare Peter De Cat. Cela se reflète dans le programme scientifique du colloque, qui a été consacré à la physique d’une multitude d’objets célestes (objets du système solaire, exoplanètes, étoiles binaires, amas, régions de formation d’étoiles, étoiles massives, objets compacts, transitoires et objets extragalactiques) et à différents aspects du Soleil.

En complément du colloque, 14 conférences de vulgarisation ont été organisées par les participants du BINA à l’intention des jeunes étudiants des écoles, collèges et universités des environs. « En tant que scientifiques, il est de notre responsabilité d’expliquer aux étudiants et au grand public ce que nous faisons. C’est la raison pour laquelle nous avons ajouté un programme spécifique rempli d’activités de sensibilisation », ajoute Santosh Joshi.

La collaboration BINA a renforcé les installations d’observation indo-belges en Inde avec l’achèvement du DOT et de l’ILMT, les plus grands télescopes optiques de l’Inde. « Le résultat de cette collaboration a été remarquable en termes de publications scientifiques et de formation de la main-d’œuvre pour la prochaine génération. Ceci devrait être fortement encouragé à l’avenir, car le travail préparatoire nécessaire a été réalisé au cours de la dernière décennie, en particulier après la formation du BINA en 2016 », a déclaré le professeur Ram Sagar, ancien directeur d’ARIES.