Le télescope EUI à bord de la mission spatiale Solar Orbiter est prêt à observer le Soleil, malgré le COVID-19

Le télescope EUI à bord de la mission spatiale Solar Orbiter est prêt à observer le Soleil, malgré le COVID-19


Les télescopes de l’instrument Extreme Ultraviolet Imager (EUI) à bord de Solar Orbiter vont s’ouvrir le 12 mai 2020 pour photographier le Soleil. Cette « première lumière » est un jalon, mais aussi une étape critique où beaucoup de choses peuvent mal tourner. Les équipes de scientifiques et d’opérateurs sont forcées de travailler et de communiquer à distance.

EUI observe dans l’ultraviolet extrême (EUV), une partie de la lumière solaire qui est bloquée par l’atmosphère terrestre. Ce n’est que depuis l’espace que les télescopes peuvent produire des images dans cette portion du spectre lumineux. Observer dans l’ultraviolet extrême nous permet de voir la partie externe de l’atmosphère solaire, mais ce n’est pas chose facile. Ces observations peuvent être perturbées par de fines particules présentes dans et sur les télescopes, ce qui génère des images de moins bonne qualité. C’est pourquoi le télescope et le satellite ont été construits dans une salle stérile. Lorsque les portes des télescopes d’EUI vont s’ouvrir, on va s’assurer que les particules éventuellement présentes puissent s’échapper et s’évaporer. En outre, les filtres, qui bloquent la lumière visible et la chaleur de passer, mais qui laissent passer la lumière en ultraviolet extrême, peuvent facilement se détériorer.

Espoir d’un bon dénouement

Lorsque nous recevrons la première image, nous saurons si les filtres et les caméras sont en bon état ou pas. Toute l’équipe d’EUI travaille d’arrache-pied, tout en restant chacun chez soi. L’équipe d’EUI espère pouvoir annoncer dans une semaine que tout s’est bien passé.

Un regard dans les coulisses

  • Le processus est interactif : un opérateur « discute » en permanence avec EUI. Aujourd’hui, un message envoyé depuis la Terre prend 2,5 minutes pour atteindre EUI. La réponse d’EUI prend également 2,5 minutes avant d’atteindre la Terre.
  • En temps normal, les opérateurs et les scientifiques d’EUI sont physiquement présents dans la salle « d’opérations de la mission », depuis laquelle les opérateurs de l’ESA sont en contact direct avec le satellite. En raison du COVID-19, cela n’est pas possible. Tout se passe par le biais de téléconférences simultanées en direct : entre l’opérateur de l’ESA et l’opérateur d’EUI qui se trouvent chez eux, entre l’opérateur d’EUI et les scientifiques d’EUI qui se trouvent aussi chez eux.
  • EUI est développé par le Centre Spatial de Liège et l’Observatoire royal de Belgique (ORB). Dix personnes de l’ORB travaillent sans interruption sur EUI depuis le début du mois de mars. Depuis le 16 mars, tout le monde travaille à domicile. L’équipe discute en permanence avec des collègues d’autres pays. Le moral est au beau fixe, malgré le COVID-19.
  • Conformément aux règles de l’ESA, on montrera à la presse la « première lumière » lorsque les équipes des autres instruments à bord du Solar Orbiter seront prêtes.
  • Les nerfs sont à vif et on nous signale une augmentation exponentielle de la consommation de caféine.
David Berghmans, scientifique de l'instrument EUI, travaille chez lui.

David Berghmans, scientifique de l’instrument EUI, travaille chez lui.